Covid19, masque, confinement et 14-18
par Aurélien Bardon
Je suis en train de lire « Paroles de poilus », un ouvrage qui contient des lettres de poilus, souvent la dernière à leur famille juste avant qu’ils ne tombent sous les balles allemandes lors d’un ultime assaut.
Il s’agit d’un ouvrage extrêmement triste et beau à la fois car on y retrouve des valeurs qui ont tendance à disparaître comme le sens du devoir et du sacrifice, la famille et surtout une tolérance à la souffrance hallucinante même devant l’absurde et la bêtise.
Ils ont vécu l’enfer pendant des années dans la boue et le froid.
Notre société a éliminé la souffrance à un point où elle est devenue intolérable.
Notre pharmacopée permet de faire disparaître en 15 minutes la plupart des douleurs et j’espère que bientôt nous aurons même le droit de quitter ce monde si on le souhaite, de manière légale, et sans endurer aucune souffrance.
Les enfants qui font du vélo sont harnachés comme des CRS pouvant ainsi chuter sans aucun bobo.
Du coté de la souffrance psychique, la encore, de formidable médicaments sont à portée de main.
Une remarque vexante de votre supérieure au travail ou de collègues mal intentionnés, hop hop hop vous pourrez vous mettre en arrêt maladie et décompresser quelques jours.
Toute notre société essaye d’éliminer la souffrance.
Les études sont trop difficiles ? Pas de problème, on va baisser le niveau du programme.
Échouer à un examen est intolérable ? Pas de problème, on va « harmoniser » les notes.
Apprendre à écrire proprement est trop difficile ? Pas de problème, on va laisser les élèves écrire comme des porcs (j’espère pour vous que vous n’aurez jamais à essayer de déchiffrer un de mes textes manuscrits)
Le travail est trop fatiguant ? 40h => 39h => 35h => et bientôt 32h. Mais cela sera toujours trop. Car oui, il est plus plaisant pour la majorité des hommes de travailler ou faire semblant de travailler pendant 32h plutôt que 39h. Le mot « travail » vient du latin « tripalium » qui était un instrument de torture.
Vous arrivez le lundi matin dans votre entreprise non chauffée le week end et il faudra attendre 1H que le local retrouve une température agréable ? Même si vous votez EELV vous trouverez cela intolérable… plutôt exercer son droit de retrait que de porter un gros pull.
Même dans les jeux vidéos on évitera plus que tout de frustrer le joueur rendant année après année la majorité des jeux de plus en plus faciles.
Quand je vois à la TV des interviews des français qui expliquent que porter un masque quelques minutes pour rentrer dans un magasin ou dans le métro est trop difficile, je pense à ces poilus morts pour la France dans des conditions de souffrances indicibles.
Mon propos n’est absolument pas de dire que réduire les souffrances est une mauvaise chose, au contraire c’est une excellente chose mais il faut relativiser dans beaucoup de cas.
Est-ce-que porter un masque est vraiment une tragédie ?
Est-ce-que rester à la maison, sans travailler, en étant payé et en ayant le droit de sortir un peu chaque jour est une tragédie ?
Non.
Nous ne sommes et ne seront jamais les poilus de Verdun.
Lorsqu’une nation a réussi à éliminer la majorité des souffrances, la moindre petite souffrance devient insupportable. C’est humain. Et cela peut véritablement devenir un problème.
Car l’être humain a besoin d’entrainement. Pour surmonter facilement un difficulté il faut mieux en avoir vécu précédemment. C’est ce qu’on appelle l’expérience et c’est pour cela que ceux qui ont déjà échoué sont souvent plus forts après.
Ces gens à la TV qui osent expliquer devant des millions de personnes, parfois endeuillées ou « au front », qu’ils avaient vraiment besoin de sortir dessiner dans le parc ou qui en viennent à se battre, à mordre, à casser, à cracher parce qu’on leur demande de porter un masque.
On le sait depuis longtemps, le covid est essentiellement dangereux pour les personnes âgées ou en mauvaise santé.
Il n’y a en France quasiment aucun mort d’enfant ou de jeune en bonne santé. Plus de 50% des morts sont en ehpad et plus de 90% des morts ont plus de 65 ans.
Le confinement et le fait de porter un masque sont donc des gestes de générosité envers nos anciens et les plus faibles.
Une civilisation existe peut-être à partir du moment où un important groupe de personnes commencent à prendre soin des plus faibles.
Alors, si on pouvait arrêter de se plaindre 2 minutes pour ce qui sera pour la plupart qu’une parenthèse dans notre vie et porter un masque en fermant sa gueule, tout le monde y gagnera.
Aurélien Bardon
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